Il n'était pas question de poster cette photo ici. Beaucoup trop intime, même si finalement on y voit simplement une mère qui tient son nouveau-né dans les bras. En fait, non. On y voit une mère qui tient son nouveau-né dans les bras, et on y voit aussi 4 autres mains.
Aujourd'hui c'est le premier jour de la grève des sage-femmes. Ces femmes fortes & indispensables, qui tiennent toujours la place qu'elles attendent qu'on leur laisse, jamais plus et jamais moins, qui sont entrées dans une colère noire. Elle était sourde, latente. Une fatigue, une lassitude.
Je n'avais pas prévu de poster cette photo ni d'écrire cela, mais tout à l'heure en écrivant une story qui remerciait Chantal, Carole et les autres, j'ai pleuré. J'ai pleuré de joie, de remerciements et de nostalgie. J'ai pleuré car je me suis souvenue, une nouvelle fois, à quel point la naissance d'un enfant fait naitre une mère, et renaitre une femme. Et à quel point la présence de la sage-femme conditionne cette naissance et conditionne ce qui se passe ensuite. J'ai pleuré car c'est le point de départ de Naissance publique.
Quand je m'étais perdue dans ma vie d'avant et que la maternité s'est imposée à moi dans mon chemin professionnel, j'ai d'abord pensé être sage-femme. Pour transmettre à mon tour ce que j'avais reçu. Mais je ne suis pas faite pour ça. Je n'ai ni la patience, ni la force. J'ai l'amour des autres mais la peur du sang. Alors j'ai cherché, longtemps. Et puis j'ai décidé de créer une marque de vêtements de grossesse. Moi qui n'aimais pas vraiment la mode, moi qui consomme si peu de vêtements. Parce que j'étais, et je suis, convaincue que se sentir belle et forte dans son corps et dans ses vêtements, quand on vit le chamboulement d'une grossesse, c'est tout sauf anodin. C'est emmagasiner assez de force et de confiance en soi pour la suite. Ce qui nous attend après et qu'on nous dit enfin maintenant. Pour toutes ces fois où la confiance est ébranlée, pour toutes ces fois où c'est trop dur.
Quand Ulysse est né il y a presque 3 ans, tout a changé. J'avais déjà donné la vie 4 ans plus tôt, accompagnée par une sage-femme incroyable. Carole. Roméo se présentait en siège et c'est elle qui me tenait déjà la main quand on a tenté une version pour le retourner. Je ne l'avais jamais vue avant. Son soutien, son regard, son sourire et sa main accrochée à la mienne m'ont marquée. Alors quand je suis arrivée à la maternité pour accoucher, 15 jours plus tôt que prévu et que je l'ai vue, je me suis dit que les choses étaient bien faites et j'ai ressenti un soulagement énorme. Parce que je savais qu'elle aurait ce même regard, ce même sourire, ce même soutien et cette même main accrochée à la mienne. Même quand le coeur de mon bébé s'est mis à ralentir et qu'on m'a emmenée en urgence en salle d'accouchement, même quand elle m'a expliqué qu'il faudrait peut-être faire une césarienne, elle a toujours gardé ce regard doux et calme. Elle savait que je me reposais sur elle, qu'elle était mon guide ce jour là et elle n'a jamais voulu ébranler la confiance que j'avais en elle. Roméo est finalement né par le siège et par voie basse. On l'a fait ensemble. Elle a été présente jusqu'au bout, elle ne m'a jamais laissée seule. J'ai eu #1femme1sagefemme.
Quelque chose s'est passé en moi. Quelque chose qui m'a fait prendre conscience de la force incroyable que j'avais au fond de moi et que je ne soupçonnais pas. Quelque chose qui me disait que je pouvais y arriver. Quelqu'un qui me chuchotait que j'allais y arriver. C'était la sage-femme qui m'a aidée à mettre au monde Ulysse de la manière la plus douce et naturelle qui soit, et pourtant j'ai oublié son nom. J'étais pleine de peurs et prête à craquer. Mon mari était là et me soutenait aussi, bien sûr. Mais il était en retrait, il avait passé le relai. Car il se passait quelque chose "qui concernait les femmes" dans cette salle d'accouchement. Il l'avait compris et avait naturellement trouvé sa place. Pas loin de moi, mais en retrait. J'ai été accompagnée par trois femmes fortes ce jour là. Trois femmes, juste pour moi. La sage-femme, l'auxiliaire de puériculture, et une seconde sage-femme, qui commençait sa garde et qui venait remplacer la première. Elle avait démarré sa garde peu de temps avant que je perde les eaux, juste avant l'expulsion. Elle est restée en retrait elle aussi, mais elle était là. Elle est restée en retrait car toutes les trois ont compris, d'instinct, la place que je voulais qu'elles occupent à ce moment là. Il y avait un élan de sororité incroyable. Un ordre naturel des choses. Elles ont agi comme si elles me connaissaient depuis toujours. Je ne les avais jamais vues. J'avais fait tout mon suivi avec une autre sage-femme de la maternité, qui n'était pas de garde le jour où j'ai accouché. Et je mesure tellement ma chance d'avoir eu, une nouvelle fois, #1femme1sagefemme. J'en ai même eu trois. Et si elles n'avaient pas été là, si elles avaient dû me quitter pour aller s'occuper d'autres patientes, je n'aurais pas réussi. Leurs mains, leurs regards m'ont empêchée de douter. Il y a trois ans, ma vie a changé. Vraiment. Et c'est grâce à elles. Et tout particulièrement aux sage-femmes de la maternité des Lilas.
Aujourd'hui c'est le premier jour de la grève des sage-femmes. Ces femmes fortes & indispensables, qui tiennent toujours la place qu'elles attendent qu'on leur laisse, jamais plus et jamais moins, qui sont entrées dans une colère noire. Elle était sourde, latente. Une fatigue, une lassitude.
Je n'avais pas prévu de poster cette photo ni d'écrire cela, mais tout à l'heure en écrivant une story qui remerciait Chantal, Carole et les autres, j'ai pleuré. J'ai pleuré de joie, de remerciements et de nostalgie. J'ai pleuré car je me suis souvenue, une nouvelle fois, à quel point la naissance d'un enfant fait naitre une mère, et renaitre une femme. Et à quel point la présence de la sage-femme conditionne cette naissance et conditionne ce qui se passe ensuite. J'ai pleuré car c'est le point de départ de Naissance publique.
Quand je m'étais perdue dans ma vie d'avant et que la maternité s'est imposée à moi dans mon chemin professionnel, j'ai d'abord pensé être sage-femme. Pour transmettre à mon tour ce que j'avais reçu. Mais je ne suis pas faite pour ça. Je n'ai ni la patience, ni la force. J'ai l'amour des autres mais la peur du sang. Alors j'ai cherché, longtemps. Et puis j'ai décidé de créer une marque de vêtements de grossesse. Moi qui n'aimais pas vraiment la mode, moi qui consomme si peu de vêtements. Parce que j'étais, et je suis, convaincue que se sentir belle et forte dans son corps et dans ses vêtements, quand on vit le chamboulement d'une grossesse, c'est tout sauf anodin. C'est emmagasiner assez de force et de confiance en soi pour la suite. Ce qui nous attend après et qu'on nous dit enfin maintenant. Pour toutes ces fois où la confiance est ébranlée, pour toutes ces fois où c'est trop dur.
Quand Ulysse est né il y a presque 3 ans, tout a changé. J'avais déjà donné la vie 4 ans plus tôt, accompagnée par une sage-femme incroyable. Carole. Roméo se présentait en siège et c'est elle qui me tenait déjà la main quand on a tenté une version pour le retourner. Je ne l'avais jamais vue avant. Son soutien, son regard, son sourire et sa main accrochée à la mienne m'ont marquée. Alors quand je suis arrivée à la maternité pour accoucher, 15 jours plus tôt que prévu et que je l'ai vue, je me suis dit que les choses étaient bien faites et j'ai ressenti un soulagement énorme. Parce que je savais qu'elle aurait ce même regard, ce même sourire, ce même soutien et cette même main accrochée à la mienne. Même quand le coeur de mon bébé s'est mis à ralentir et qu'on m'a emmenée en urgence en salle d'accouchement, même quand elle m'a expliqué qu'il faudrait peut-être faire une césarienne, elle a toujours gardé ce regard doux et calme. Elle savait que je me reposais sur elle, qu'elle était mon guide ce jour là et elle n'a jamais voulu ébranler la confiance que j'avais en elle. Roméo est finalement né par le siège et par voie basse. On l'a fait ensemble. Elle a été présente jusqu'au bout, elle ne m'a jamais laissée seule. J'ai eu #1femme1sagefemme.
Quelque chose s'est passé en moi. Quelque chose qui m'a fait prendre conscience de la force incroyable que j'avais au fond de moi et que je ne soupçonnais pas. Quelque chose qui me disait que je pouvais y arriver. Quelqu'un qui me chuchotait que j'allais y arriver. C'était la sage-femme qui m'a aidée à mettre au monde Ulysse de la manière la plus douce et naturelle qui soit, et pourtant j'ai oublié son nom. J'étais pleine de peurs et prête à craquer. Mon mari était là et me soutenait aussi, bien sûr. Mais il était en retrait, il avait passé le relai. Car il se passait quelque chose "qui concernait les femmes" dans cette salle d'accouchement. Il l'avait compris et avait naturellement trouvé sa place. Pas loin de moi, mais en retrait. J'ai été accompagnée par trois femmes fortes ce jour là. Trois femmes, juste pour moi. La sage-femme, l'auxiliaire de puériculture, et une seconde sage-femme, qui commençait sa garde et qui venait remplacer la première. Elle avait démarré sa garde peu de temps avant que je perde les eaux, juste avant l'expulsion. Elle est restée en retrait elle aussi, mais elle était là. Elle est restée en retrait car toutes les trois ont compris, d'instinct, la place que je voulais qu'elles occupent à ce moment là. Il y avait un élan de sororité incroyable. Un ordre naturel des choses. Elles ont agi comme si elles me connaissaient depuis toujours. Je ne les avais jamais vues. J'avais fait tout mon suivi avec une autre sage-femme de la maternité, qui n'était pas de garde le jour où j'ai accouché. Et je mesure tellement ma chance d'avoir eu, une nouvelle fois, #1femme1sagefemme. J'en ai même eu trois. Et si elles n'avaient pas été là, si elles avaient dû me quitter pour aller s'occuper d'autres patientes, je n'aurais pas réussi. Leurs mains, leurs regards m'ont empêchée de douter. Il y a trois ans, ma vie a changé. Vraiment. Et c'est grâce à elles. Et tout particulièrement aux sage-femmes de la maternité des Lilas.
Alors merci. D'avoir toujours été là pour moi. De faire ce métier, qu'il est impossible d'exercer si on ne ressent pas un profond amour de l'autre, de la femme. Un sens absolu du dévouement. Merci d'être simplement qui vous êtes ❤️. Je ne serai jamais sage-femme, mais aujourd'hui je partage leur colère. Et leur code noir.
Les 24, 25 et 26 septembre 2021, les sage-femmes de France sont en grève. Une grève "dure" selon les mots d'Anna Roy. Partagez votre soutien : #1sage1sagefemme #sagefemmecodenoir